lundi 13 mai 2019

La lecture, quel bel exutoire à la violence

L’Atelier Théâtr’Action (ATA) a de quoi être fier. La campagne de promotion de la lecture qu’il a initiée à la bibliothèque communautaire de Ndjili, en plein Kinshasa, en décembre et janvier, a plutôt été un succès. « Beaucoup d’élèves étaient obligés d’attendre leur tour pour accéder à la salle de lecture », explique M. Diyabanza, coordonnateur de l’ATA.
Quelque 2600 lecteurs en un mois et demi, plus que l’ATA ne l’aurait imaginé. Avec la mise à disposition de plus de 1500 ouvrages et une centaine de numéros de revues spécialisées comme Ired-Forum, Echos du Cota, Défis Sud, Santé et Développement… sur les domaines de la santé, de l’éducation ou encore de la culture, la population de Ndjili redécouvrent la lecture et le besoin de s’informer.
Responsables et élèves de 200 écoles - dont le collège Bonsomi, l’institut Lwanga, le lycée Ste Germaine, le complexe scolaire Mwabi - ont eu à leur disposition des livres de français, de mathématiques, physique, biologie ainsi que la collection de guides du Routard, obtenue grâce à Adrien Joveneau de la radio télévision belge, la RTBF. Composée de trois départements (santé, éducation, arts et culture), la bibliothèque a fait profiter à la population de Ndjili, de vidéos de pièces de théâtre largement projetés comme Mobali na ngay qui porte sur l’héritage et Procès Ngungi qui traite du paludisme, ainsi que de romans français et congolais.
© ATA / La bibliothèque communautaire
de Ndjili accueille la campagne
de promotion de la lecture
L’information c’est aussi la prévention
La projection du film Monzeli, les jeunes à l’heure du sida , ainsi que du film Jeunes ne devenez pas père et mère trop tôt a été une formidable occasion de s’informer sur les risques et les dégâts causés par le sida et les grossesses non désirées. « Certains élèves sont venus d’eux-mêmes et s’y étaient largement investis », se félicite M. Diyabanza, initiateur de la bibliothèque. Selon lui cette campagne a instauré une habitude de lecture, les élèves sont restés des permanents de la bibliothèque.
Dès l’ouverture de la campagne, journalistes et parents ont pu profiter d’une petite leçon sur l’importance de la lecture avec la présentation du livre de M. Claude : Comment lire ? À Ndjili, où les politiciens ne s’aventurent guère à cause de la violence qui y règne souvent, toutes les initiatives sont bonnes pour pallier le manque d’information. C’est ce à quoi s’atèle l’ATA, ONG de jeunes volontaires spécialisés dans l’éducation communautaire par le théâtre. Formation et information accessibles à tous, depuis sa création en août 1989, l’ATA œuvre dans les domaines de l’environnement, de la santé, des Droits de l’homme…
À Ndjili, la violence et l’insécurité rôdent. Peu de monde ose s’aventurer dans ces faubourgs. Aussi, toute initiative est bonne pour pallier le manque d’informations et de culture.
L’ATA au centre de la campagne
Les milieux ruraux, les communautés défavorisées, les zones enclavées, sortent peu à peu de l’analphabétisme grâce à de telles actions de l’ATA. D’ailleurs pour plus d’ouverture, des écrits du monde entier, tels que des revues sanitaires, offerts par des structures internationales, ont été mis à leur disposition. Toute l’équipe de l’ATA s’est investie pour la réussite de cette campagne. L’organisation et la tenue de cette opération sont dues à leurs propres moyens. Une quête auprès des églises de la commune des parents ainsi que des achats par des membres de la troupe ont permis d’acquérir les livres. « Car, déplore M. Diyabanza, il n’y a pas de subventions pour les activités culturelles en RDC. » Pourtant l’ATA continue à travers celles-ci à informer et à former la population en organisant des concours littéraires ou des tournées dans le pays dont une s’est tenue le 16 février sur le thème du sida.

Aucun commentaire: