lundi 13 mai 2019

L'Atelier-Théâtr'Actions "ATA" a participé au Colloque sur la reconstruction des systèmes de santé post-conflit


Rôle et renforcement les capacités locales
(L’expérience de l’Atelier-Théâtr’Actions « ATA » dans les provinces et dans la ville de Kinshasa)
Plan d’intervention
L’expérience menée par L’Atelier-Théâtr’Actions « ATA » dans la promotion des soins de santé primaires dans les provinces de Bandundu, Bas-Congo et de la ville de Kinshasa ces dix dernières années a porté sur trois volets essentiels ; les animations, les formations et les recherches.
1. Les animations théâtrales pour la promotion de la santé
• De l’étude du milieu
• Conception du spectacle
• Production
• Evaluation et suivi
2. Les formations internes et externes
1. But : - Améliorer la qualité des messages
- Renforcer les compétences des mobilisateurs
2. Méthode participative
3. Matières :
• Etude du milieu
• Initiation aux notions théâtrales
• Conduite de réunions
• Elaboration des messages
• Techniques de productions
3. Recherche et publications
1. Doter les agents de santé communautaire des outils fiables de sensibilisation
2. Reconnaitre et redynamiser les énergies locales existantes
Quelques suggestions
• Reprendre l’enseignement de l’hygiène dès l’école primaire et la promotion de la santé scolaire
• Redynamiser la police d’hygiène pour sanctionner et encourager les pratiques environnementales durables
• Encourager les canaux sociaux à la promotion et à l’utilisation des structures sanitaires
• Considérer le théâtre comme institution de mobilisation et non comme instrument de sensibilisation occasionnel.
Depuis 1990, la République démocratique du Congo, notre pays, s’est engagée dans la promotion des soins de santé primaire. La population s’y intéresse et chacun dans un milieu, conçoit ce changement selon sa compréhension et le contexte dans lequel il le sous-entend. Comme dans tout changement social, la connaissance est un facteur des enjeux en présence.
Les animateurs des institutions sanitaires appellent la population à un changement de mentalité. Les mouvements associatifs abattent un travail énorme dans l’organisation d’une société civile visant à réveiller la conscience de la population pour une prise en charge effective et une auto responsabilité pour un avenir meilleur avec une bonne qualité de vie.
Pour y arriver, certaines organisations nationales ou internationales ont trouvé un moyen plus simple et plus compréhensif pour atteindre les différentes couches sociales situées dans les milieux les plus reculés : le théâtre, car les moyens de communications habituels, tels que les imprimés et les supports audiovisuels, malgré les compétences des animateurs et l’importance des fonds qui y sont alloués, n’amènent pas la masse populaire à se retrouver et celle-ci reste indifférente à la prise et à l’exécution des décisions. Cette masse s’organise en s’informant auprès des « voisins» auprès desquels, elle croit obtenir la bonne information.
Cette indifférence est due au fait que la communauté à laquelle cette information est destinée est analphabète et ne trouve pas des solutions à leurs vraies préoccupations.
La crise sociale que connaît notre pays, a des conséquences qui ne facilitent pas l’acceptation des idées novatrices comme celle-ci. La recherche de la survie domine largement sur l’attention qu’elle accorde aux recommandations qui sortent des telles actions.
Pour répondre à cette carence, les acteurs acceptent d’animer des formations, créer des spectacles et mener des recherches qui associent des messages de santé, qui ne pourraient pas être transmis autrement que par le dialogue direct et convaincant.
Ces actions renferment plusieurs thèmes suivant les résultats d’enquêtes ou répondant aux besoins des partenaires (le Ministère de la Santé ou la Zone de Santé)
Exemple 1: La Campagne de don de sang dans le bus en 1996 a facilité la création des banques de sang dans cinq hôpitaux de la ville de Kinshasa par la Coopération Technique Allemande(GTZ).
Ces créations contiennent parfois des éléments tirés des modules de formation utilisés par des organisations et mouvement associatifs.
De nombreux observateurs se demandent comment le théâtre, qui ne dure que quelques minutes, peut avoir une force persuasive et changeante. Comment les artistes arrivent à insérer des messages de santé publique dans leurs pièces de théâtre, alors que ces mots sont parfois difficiles à dire en public.
Pour y parvenir, un schéma est suivi, il part de l’étude sociale à la production des spectacles et de la diffusion à l’évaluation.
L’expérience menée par L’Atelier-Théâtr’Actions « ATA » dans la promotion des soins de santé primaires dans les provinces de Bandundu, Bas-Congo et de la ville de Kinshasa ces dix dernières années a porté sur trois volets essentiels ; les animations, les formations et les recherches.
I. Les animations théâtrales pour la promotion de la santé
A. De l’étude du milieu
Les pièces produites dans le cadre des projets de sensibilisation sur la santé sont écrites par des artistes en collaboration avec les membres de la communauté. Ces écrits reprennent les réalités du milieu concerné par l’opération. Cette étape permet aux acteurs d’éviter des incohérences entre le contenu du message qui se trouve dans les textes officiels, les attentes des responsables sanitaires, et les aspirations de la communauté.
Le travail commence par la récolte d’informations issues de situations réellement vécues par la communauté. Cette récolte se fait sur base de connaissances et de perceptions de la population du problème sanitaire.
Nous cherchons les causes qui engendrent le problème, les besoins de la base et les aspirations qui les accompagnent. Cette étude dépend essentiellement de la matière à transmettre et de l’action à réaliser.
Pour la santé, vu sa complicité et son importance, le recours à une analyse comportemental est déterminant.
Cette analyse comportementale nous amène à découvrir les vraies raisons sociales, économiques, administratives, politiques, culturelles et religieuses qui concourent à cette lecture du problème.
Pour arriver à réaliser une étude du milieu représentative des faits à résoudre, les artistes procèdent à des techniques de recherche allant de l’observation participative, à la documentation existante sur le problème. L’expérience menée dans ce domaine pousse les artistes à consulter les animateurs des structures impliquées dans la promotion de la santé.
Les institutions sanitaires sont directement consultées dans la recherche des informations nécessaires à ces créations. Cette recherche donne aux artistes les pistes utilisées habituellement pour résoudre les problèmes qui se posent à leur niveau.
Ces informations permettent de créer un spectacle qui reprend des éléments adaptés aux faits réels et aux attentes des mesures sanitaires en vigueurs. Cela permet également de découvrir les résultats obtenus antérieurement.
A cette étape, nous analysons la faisabilité de solutions à apporter dans les contextes de la population concernée. Nous considérons les habitudes, les chansons, les danses, les contes, les percussions, les tabous et les coutumes.
Exemple 2. La Tournée sur l’hygiène hospitalière organisée avec la croix Rouge de Belgique a encouragé la gestion et l’entretien des installations hygiéniques construites dans 9 centres de santé par la Croix Rouge de Belgique.
Les résultats obtenus après cette étude sont regroupés selon les objectifs à réaliser. Ils permettent de déterminer les parties qui contribueront à la conception de la pièce. Le temps de cette étude varie selon le problème à traiter.
B. De la conception des spectacles
A partir des résultats obtenus à la collecte, les artistes conçoivent la pièce.
Les artistes font un travail de table et de répétitions. Ce travail consiste à proposer des canevas des spectacles.
La proposition contient la naissance de la situation, l’évolution du problème, l’apogée ou la gravité de la situation, le dénouement et la conclusion qui peut-être une piste de solution.
Les artistes introduisent au dialogue, par le biais notamment de chansons. Ils conçoivent des spectacles en français qui s’adaptent facilement en lingala ou en kikongo. Ils associent les spectateurs à la création. Certains rôles étaient conçus pour être rendus par les membres de la communauté concernée. C’est une participation directe, quand un rôle est interprété par le villageois, et indirecte quand ils chantent, exécutent une danse ou jouent d’un instrument.
Ces pièces sont composées avec des instruments trouvés dans le village, les chansons, les danses et les coutumes du village.
Les répétitions sont les rendements scéniques des éléments retenus. Elles fixent la scénographie et permettent d’adapter les pièces aux conditions géographiques des lieux retenus. Des corrections et critiques en fonction du message à transmettre sont faites.
C. De la production :
Les représentations théâtrales sont données après programmation et préparation. Le calendrier est déterminé par les artistes et la population. Après la programmation, les artistes préparent les lieux de la représentation avec la participation de la population.
Ces spectacles se jouent à des endroits différents. Cela se fait en suivant le mouvement du soleil, la présence d’un arbre ou d’un bâtiment. Le décor et les accessoires sont trouvés dans les villes et les villages. Les matériels scéniques sont produits selon les possibilités du milieu.
Les représentations sont des moments très importants pour les artistes, car les populations les considèrent comme des moments de réjouissance et de découverte.
Les spectateurs sont très attentifs et réagissent avec les artistes sur scène. Si le message est bien compris, le public prend directement une décision.
Certaines représentations sont données lors de séminaires, de conférences ou d’animations dans des groupes restreints. Ils sont utilisés comme des supports didactiques. Ces représentations servent pour rappeler aux participants certaines réalités qui ne sont pas bien décrites lors des exposés. Elles servent aussi de conclusions générales, car le langage utilisé au théâtre est facilement compréhensible.
Exemple 3: Consommation en période de crise = Construction du marché de Menkao
D. Evaluation
C’est une étude comparative faite entre les buts assignés à la mission et les résultats obtenus.
Elle se fait directement après le spectacle, sous forme de débat entre les artistes et les spectateurs ou entre les participants quand il s’agit de prendre une décision.
Elle se fait indirectement après la représentation et suivant une période déterminée par les partenaires ayant participé à l’action. Sa durée varie selon les indicateurs déterminants à la conception de l’opération.
Ce suivi est assuré par la troupe ou par les groupes agissants sur le terrain. Cela se fait aussi avec la participation du public concerné.
Dans certains cas, la troupe délègue un membre pour vivre avec la communauté afin d’évaluer les progrès réaliser sur place, le changement constaté sur le terrain en fonction du message donné durant les représentations.
Dans d’autres cas, les communautés concernées envoient leurs témoignages, leurs réactions et leurs évaluations aux artistes.
Les animateurs de la santé communautaire qui travaillent sur terrain transmettent aussi leur rapport.
II. Les formations
Les formations à la base des communautés de santé locales visent à redéfinir les stratégies de sensibilisation, d’améliorer ses techniques afin de promouvoir la santé.
Ces sessions de formation au théâtre pour la santé sont organisées à l’intention des animateurs, des femmes ou des agents de santé communautaires.
II.1. Objectifs des sessions
• Améliorer la qualité de l’élaboration des messages par la technique du théâtre pour la santé;
• Sensibiliser les populations sur leurs différents problèmes de la santé
• Produire des spectacles et du matériel éducatif pour la promotion de la santé.
Ainsi nous cherchons à :
• Renforcer les compétences techniques des animateurs sur la sensibilisation, par le théâtre;
• Elaborer du matériel éducatif (messages et moyens) pour la promotion de la santé ;
• Offrir aux animateurs de la santé communautaire, l’occasion d’explorer des nouvelles voies dans l’élaboration des messages et leur utilisation au théâtre, en exploitant des ressources éducatives et culturelles locales ;
• Faire valoir la place de la femme dans le processus de l’évolution de la santé.
II.2 : Les matières dispensées lors de ces sessions
Ii.2.1 : L’initiation aux notions dramatiques
C’est une initiation qui consiste à faire découvrir le monde des arts dramatiques et son importance dans la vie quotidienne.
II. 2.2. : L’étude sociale du milieu pour un théâtre utile
Il est important de connaître son identité. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi chercher à savoir le point de vue de la communauté sur ses différents problèmes. C’est ce qu’il convient d’appeler : « voir la vie de la communauté avec les yeux des autochtones. »
II.2.3 : Conduites des réunions et discussions
Les relais communautaires utilisent l’énergie propre du groupe pour mener les actions d’épanouissement. Il travaille en groupe et engage des discussions à l’issue desquelles les décisions prises sont communiquées.
II.2.4 : Le théâtre au service de la santé.
Le formateur souligne qu’à ce niveau l’art (théâtral) ne se situe pas dans la matière à présenter, mais dans la manière de transformer cette matière pour la présenter. Aussi à lui d’ajouter une étape, celle du montage. Le montage clôture le travail, on y retrouve l’unité de lieu, de temps et de l’espace.
II. 2. 5 : processus d’élaboration des messages éducatifs
De la définition aux qualités d’un bon message, la formation porte sur le message qui varie selon le contexte et la cible. Il doit être habillé et adapté au canal de diffusion. Sachant que le but du message est entre autres de renforcer les facteurs positifs et à clarifier certaines incompréhensions.
II. 2.6 : la production et l’évaluation des spectacles
Ainsi divers problèmes peuvent survenir avant ou pendant la production. Il faudra être capable de les affronter.
En définitive, quelques jours après une production, il est important de se réunir pour évaluer une production.
III. Les recherches et les publications :
Pour permettre aux animateurs communautaires vivants dans les milieux ruraux et périphériques d’avoir des supports de sensibilisation efficace, nous organisons des recherches à la base pour réaliser et publier des vidéos et des pièces de théâtres. Ces recherches se font directement auprès de la population concernée.
Les activités de recherche se font en complément à l’opération de placement des livres dans les écoles primaires et secondaires et l’équipement des bibliothèques dans les écoles de formation d’infirmiers en partenariat du Centre pour la promotion de la santé de Kangu-Mayumbe.
Exemple 4 : La Diffusion de « Monzeli, les jeunes à l’heure du sida » a permis aux ensignants de libérer de la parole sur les MST en milieu scolaire.
Par exemple :
« Halte à la malaria » Vidéo sur le paludisme pour le Programme national de la lutte contre le sida du Ministère de la santé, 2003
« Monzeli, les jeunes à l’heure du sida », Vidéo sur le sida avec l’appui de MDO d’Utrech/Hollande, 2004
« Jeunes ne devenez pas père ou mère trop tôp » Vidéo sur les IST/Sida avec l’appui de MDO d’Utrech/Hollande, 2004
« Procès Ngungi », Vidéo sur la lutte contre le paludisme avec l’appui de MDO d’Utrech/Hollande, 2004
« Halte aux maladies » pièce de théâtre sur la prise en charge en domicile de la santé de l’enfant par l'enfant; publiée aux éditions du Bureau de recherche pour la promotion de la santé en 2004 tec….
Pour conclure, la contribution du théâtre dans la sensibilisation de la santé dans les provinces de Bandundu, Bas-Congo et dans la ville de Kinshasa nous permet d’inventer une nouvelle forme de prévention et d’améliorer la santé des populations.
La seule et grande difficulté rencontrée sur terrain est que le théâtre n’est pas pris en compte, ni par les officiels, ni par les partenaires financiers étant donné qu’il est offert gratuitement et n’est pas soutenu, malgré son pouvoir d’agir dans le renforcement des capacités de la population la plus démunie.
José Bau Diyabanza

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