Africare est un spectacle engageant à plusieurs titres. On entre dans le théâtre du Tarmac et les six comédiens sont déjà là, à chanter assis sur la scène si près qu'on doit presque les toucher pour passer de l'autre côté de la salle. Ils nous demandent encore d'éteindre les portables, de ne même pas les laisser sur vibreur, et nous remercient chaleureusement lorsque l'on obtempère. Enfin assis, à peu près calme, le public est prêt. Les acteurs bondissent sur scène et continuent un spectacle commencé depuis longtemps, peut-être depuis plusieurs siècles, ceux de la colonisation, de la mémoire humaine, des mythes de l'humanité.
Si Africare, que tout Européen touché par les campagnes médiatiques de l'humanitaire prononcera à l'anglaise, mélange mythes gréco-romains et contes africains, c'est avant tout sur la mémoire coloniale et la réalité économique d'aujourd'hui que le dialogue s'instaure. Africare, c'est en fait "Afrique-Icare", où l'enfant d'Afrique, tel Icare prisonnier du labyrinthe, s'élève vers les cieux pour se libérer de la misère et atteindre l'Europe, ce soleil qui fera fondre la cire de ses ailes et le précipitera dans les eaux qui l'entourent. Si la métaphore de l'Europe soleil fait sourire, elle fait aussi réfléchir aux périlleuses migrations des boat people de la terre entière et à la réalité de l'inégalité criante entre les peuples. Cette inégalité économique est aussi politique, car Africare dénonce avant tout les méfaits de la guerre au Congo-Kinshasa. Les témoins évoquent les exactions de manière crue, mais sans voyeurisme, pour dénoncer les traumatismes qu'elle occasionne pour les victimes comme pour les bourreaux et pour leurs proches.
Il faut bien sûr évoquer la mise-en-scène et son utilisation de la vidéo pour inclure les récits de groupes et d'individus rencontrés par l'équipe sur place à Kinshasa, Bukavu et Kisangani. Tout est écrit et les acteurs dialoguent avec ceux qui témoignent à distance. Des draps disposés sur les acteurs accroupis, des planches de bois, des filets de plumes servent d'écrans aux vidéos projetées, ajoutant encore du mouvement à l'audio-visuel. Un enfant rappelle le mythe d'Icare et ses chapitres qui ponctuent le spectacle. D'anciens soldats jouent la tragédie de leur endoctrinement. Des femmes violées évoquent leurs supplices et leur évasion. Des violeurs révèlent la folie coercitive dans laquelle ils furent pris. Les six comédiens aux multiples talents racontent, chantent et dansent l'Africare d'aujourd'hui, l'Afrique dispersée sur tous les continents, au rythme des multiples langues traduites en sur-titrage : français, lingala, et swahili. (Attention, premier rang réservé aux polyglottes ou aux têtes téléscopiques !)
Africare est un spectacle vivant et engagé, qui sait parler à tous sans offenser ni épargner personne, un talent rare de nos jours.
Anne Crémieux
Si Africare, que tout Européen touché par les campagnes médiatiques de l'humanitaire prononcera à l'anglaise, mélange mythes gréco-romains et contes africains, c'est avant tout sur la mémoire coloniale et la réalité économique d'aujourd'hui que le dialogue s'instaure. Africare, c'est en fait "Afrique-Icare", où l'enfant d'Afrique, tel Icare prisonnier du labyrinthe, s'élève vers les cieux pour se libérer de la misère et atteindre l'Europe, ce soleil qui fera fondre la cire de ses ailes et le précipitera dans les eaux qui l'entourent. Si la métaphore de l'Europe soleil fait sourire, elle fait aussi réfléchir aux périlleuses migrations des boat people de la terre entière et à la réalité de l'inégalité criante entre les peuples. Cette inégalité économique est aussi politique, car Africare dénonce avant tout les méfaits de la guerre au Congo-Kinshasa. Les témoins évoquent les exactions de manière crue, mais sans voyeurisme, pour dénoncer les traumatismes qu'elle occasionne pour les victimes comme pour les bourreaux et pour leurs proches.
Il faut bien sûr évoquer la mise-en-scène et son utilisation de la vidéo pour inclure les récits de groupes et d'individus rencontrés par l'équipe sur place à Kinshasa, Bukavu et Kisangani. Tout est écrit et les acteurs dialoguent avec ceux qui témoignent à distance. Des draps disposés sur les acteurs accroupis, des planches de bois, des filets de plumes servent d'écrans aux vidéos projetées, ajoutant encore du mouvement à l'audio-visuel. Un enfant rappelle le mythe d'Icare et ses chapitres qui ponctuent le spectacle. D'anciens soldats jouent la tragédie de leur endoctrinement. Des femmes violées évoquent leurs supplices et leur évasion. Des violeurs révèlent la folie coercitive dans laquelle ils furent pris. Les six comédiens aux multiples talents racontent, chantent et dansent l'Africare d'aujourd'hui, l'Afrique dispersée sur tous les continents, au rythme des multiples langues traduites en sur-titrage : français, lingala, et swahili. (Attention, premier rang réservé aux polyglottes ou aux têtes téléscopiques !)
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